
Extrait de mon livre Univers des sages - Sanahya Ama


1- L’illusion de la séparation :
De plus en plus souvent, nous entendons autour de nous : "pervers narcissique par-ci, pervers narcissique par-là". Mais pourquoi stigmatiser quelques individus, quand c’est l’humanité toute entière qui semble pervertie dans sa nature la plus profonde ? Cette perversion n’est pas un mal extérieur. Elle est le signe d’un oubli : l’oubli de notre essence divine, de la lumière originelle dont nous sommes issus.
Une humanité en quête de pureté : Cette perversion n’est pas tant une faute morale qu’un état d’éloignement de notre essence divine, une distorsion de notre lumière originelle. Nous accusons volontiers les autres de leurs manipulations, de leurs ombres, de leurs failles… mais bien souvent, ces êtres ne sont que les miroirs de nos propres blessures non guéries. Ils viennent, à leur manière, réveiller en nous ce qui demande à être purifié. Ce sont eux qui, malgré la souffrance qu’ils provoquent, nous poussent à la restructuration intérieure, à la reconnexion avec notre nature véritable.
L’oubli de l’origine : Dans notre monde moderne, les mots “pervers narcissique” résonnent partout. On cherche des coupables, des figures du mal. Mais si nous regardions plus loin ? Et si la véritable perversion n’était pas le fait de quelques individus, mais l’état d’une humanité qui a oublié sa source sacrée ?
Toutes les traditions spirituelles l’enseignent : l’être humain est né pur, façonné dans la lumière divine. Mais à mesure qu’il s’attache au monde, il s’éloigne de son essence.
Dans le soufisme, on parle du nafs, l’ego qui voile le cœur.
Chez les chrétiens mystiques, c’est la “chute” d’Adam : la séparation d’avec Dieu.
Dans le bouddhisme, c’est l’avidyā, l’ignorance fondamentale.
Dans l’hindouisme, c’est māyā, l’illusion qui nous fait croire que nous sommes séparés du Tout.
La perversion de l’âme, c’est cet oubli de notre origine divine.
Ce n’est pas un crime, mais une amnésie.
Une perte de mémoire cosmique.
2. Les fondations fragiles de la nature humaine
La perversion naît d’une construction intérieure instable, d’une maison de l’âme bâtie sur des émotions négatives, des croyances limitantes et une vision déformée du monde. Lorsque l’enfant blessé en nous interprète la douleur comme un rejet de l’amour divin, il érige des murs pour se protéger… mais ces murs deviennent les prisons de l’ego.
La perversion de notre nature humaine trouve son origine dans une construction intérieure bancale : un édifice de notre structure matricielle psychique, émotionnelle et mentale bâti sur la peur, la culpabilité, les croyances limitantes et les interprétations erronées des expériences douloureuses de l’enfance. Nous avons appris à percevoir le monde à travers les filtres de la peur, du manque et du rejet, plutôt qu’à partir de la lumière de notre cœur.
Ainsi, tout ce qui n’est pas pur, originel et sacré en nous est perverti. Tout ce qui ne vient pas du cœur de notre être véritable, de cette dimension lumineuse et divine en nous, est une altération de notre essence. L’humanité entière, hier comme aujourd’hui, vit sous cette altération. Elle s’est éloignée du centre, de la vibration du Sacré.
La maison intérieure et ses murs de peur : L’être humain construit sa maison intérieure sur les fondations fragiles de son histoire : blessures, peurs, incompréhensions, désirs non comblés. Ce qui devrait être un temple devient une forteresse.
Dans la Kabbale, on dit que les “coquilles” (qelippoth) emprisonnent la lumière.
Dans la psychologie jungienne, on parle de “l’Ombre” : tout ce que nous refoulons, et qui finit par nous dominer.
Le soufi dira : « Le cœur non poli ne reflète plus la Lumière de Dieu. »
Chaque fois que nous agissons par peur, par orgueil, ou par besoin de contrôle, nous pervertissons la clarté de notre être.
Nous cessons d’aimer depuis la pureté du cœur pour aimer depuis le manque. Et c’est ainsi que l’humanité s’enfonce dans la confusion : en confondant la survie avec la vie.
3.L’égo et la fausse lumière
Le véritable danger ne réside pas seulement dans la noirceur du coeur, mais dans la fausse lumière de l’égo spirituel : celle qui fait croire à l’âme qu’elle a atteint la vérité, alors qu’elle ne s’est que parée d’une illusion supplémentaire.
La lumière Soufie nous rappelle : « Celui qui croit être arrivé s’est arrêté en chemin. »
Est perverti celui qui avance sous la lumière trompeuse de son mental, qui agit selon sa volonté propre sans écouter le murmure de son âme. N’est pas pervers celui qui, conscient de ses ombres, les offre à la Lumière du Divin pour qu’elles soient transmutées. La perversion véritable, c’est la connaissance du mal sans la volonté du bien, la lucidité sans la conversion du cœur.
L’ombre du mental inférieur : Est perverti celui qui se meurt dans les peurs de son mental inférieur, qui cherche la paix dans la compromission avec ses chimères. Celui qui préfère la tranquillité apparente du déni à la douleur purificatrice de la vérité.
N’est pas pervers celui qui avance humblement, pas à pas, sur le chemin de la guérison de l’âme ? celui qui agit avec intégrité, lucidité et courage, même au cœur de ses doutes.
La véritable perversion réside dans la conscience de nos ombres sans la volonté de les transmuter. Celui qui sait qu’il manipule, qu’il contrôle, qu’il agit dans l’ombre, mais ne cherche pas à se purifier, entretient l’involution de son âme. Celui, au contraire, qui reconnaît ses blessures et entreprend le chemin de la lumière, même difficile, œuvre déjà à sa rédemption intérieure.
La fausse lumière du mental : La plus subtile des perversions n’est pas la violence, mais la fausse lumière. Celle du mental qui se prend pour la conscience. Celle de l’ego spirituel qui veut “être éveillé” pour se sentir supérieur.
Les maîtres de toutes les traditions ont mis en garde contre cette illusion. Le Christ l’appelle “le loup déguisé en agneau”. Bouddha parle du “poison du savoir non vécu”. Rûmî dit : "Celui qui croit être arrivé s’est arrêté."
La vraie lumière ne flatte pas : elle éclaire et dépouille. Elle brûle les illusions pour révéler la vérité nue.
La perversion, c’est l’orgueil de celui qui sait sans se transformer. La pureté, c’est l’humilité de celui qui ne sait pas, mais qui aime.
4.Les forces d’involution
Beaucoup d’êtres pervertis ne sont pas des « pervers narcissiques » au sens clinique du terme. Ce sont des âmes blessées qui se sont adaptées à un système lui-même perverti.
La société moderne valorise l’apparence, la performance, la domination et permet à chacun de dissimuler sa fragilité derrière un masque. Cette adaptation collective empêche la guérison.
Elle maintient l’humanité dans un état d’involution, loin de la vérité du cœur.
Ceux qui refusent de se remettre en question deviennent alors, malgré eux, des forces d’opposition à l’évolution spirituelle de la Terre mais il ne s’agit pas de les condamner car derrière la perversion se cache toujours une souffrance profonde, un appel de l’âme à être reconnue, aimée et réintégrée dans la lumière.
Je porte dans mon cœur une compassion infinie pour ces âmes perdues car ce sont elles qui, par leur obscurité, révèlent la nécessité de notre lumière.
La société comme miroir de l’âme : L’humanité vit dans une société qui, au lieu de purifier le cœur, entretient les voiles de l’illusion. Nous avons appris à valoriser la réussite, l’image, la domination, à nourrir l’ego collectif au détriment de la conscience.
Mais nous pouvons voir dans cette corruption extérieure le reflet exact de notre propre corruption intérieure. Le monde, dit-on, est le miroir du cœur de l’homme. Si le monde est perverti, c’est que le cœur de l’homme s’est détourné du réel, du sacré, de sa propre vérité.
Et pourtant, derrière chaque ombre se cache une opportunité d’éveil. La perversion de la nature humaine n’est pas une condamnation : c’est un appel, une invitation à la purification de l’âme car en purifiant son propre cœur, l’homme purifie un fragment du monde.
La souffrance comme passage initiatique : Nous fuyons la douleur comme si elle était une punition. Mais la souffrance, dans toutes les voies de sagesse, est un feu purificateur. C’est le creuset où l’âme se débarrasse de ses scories.
Dans la tradition chrétienne, c’est la Croix, symbole de la transmutation. Dans le soufisme, c’est le feu du fanâ’, la dissolution du moi dans l’Amour divin. Dans l’alchimie, c’est l’Œuvre au noir, la phase de putréfaction avant la renaissance de l’or intérieur. Dans le taoïsme, c’est le passage du chaos à l’harmonie.
La douleur n’est pas un échec : elle est la sagesse en gestation. Elle appelle au dépouillement, à la compassion, à l’unité.
L’âme grandit en proportion de ce qu’elle consent à perdre.
5.Le feu de la transmutation
Nous entrons aujourd’hui dans un cycle d’évolution intérieure où le feu divin vient consumer les voiles du mental. C’est le temps de la transmutation : ce feu n’est pas destructeur, il est alchimique. Ce feu brûle les illusions, les peurs et les faux désirs. Il révèle la lumière originelle du cœur, la flamme de l’amour ardent du Divin. C’est par cet amour que l’âme guérit, que le mental se tait, que la perversion se transforme en sagesse.
Le cycle du renouveau : Nous entrons aujourd’hui dans un cycle d’évolution accélérée, une ère où la lumière vient consumer les dernières ombres de notre mental inférieur.
C’est un temps de purification et de révélation. Ce feu alchimique intérieur brûle nos peurs, nos illusions, nos croyances anciennes, pour laisser place à une conscience plus claire, à une vie plus alignée. Chacun est appelé à embrasser le chemin du courage spirituel :
le courage d’être soi, de s’aimer dans la vérité, de laisser tomber les masques, et d’incarner la lumière de son être véritable.
C’est le moment d’aider l’humanité consciente à se relever, de soutenir ceux qui, malgré la douleur, choisissent la voie de la guérison car en ouvrant la porte de notre royaume intérieur, nous participons à la libération collective de la Terre.
Le grand retournement : Lorsque l’être humain reconnaît sa perversion, son éloignement de l’Amour, il commence à se retourner vers la Source.
C’est le moment du retour à soi, à notre nature divine qui siège dans la dimension sacrée du cœur de notre être véritable et qu’on retrouve dans toutes les traditions :
- La tawba de l’Islam (le retour à Dieu),
- La teshouva du judaïsme (le retour à la lumière),
- L’Éveil (bodhi) du bouddhisme,
- Le moksha hindou (libération de l’illusion).
Ce retournement n’est pas moral, mais ontologique : c’est le mouvement naturel du cœur vers sa pureté originelle. C’est la reconnaissance que “je ne suis pas ce que je croyais être”, que l’être véritable n’est pas un moi séparé, mais un Souffle unique qui respire à travers tous les êtres.
6.Vers la lumière du cœur :
Je vois, dans la vision de l’âme, une flamme, une cheminée céleste où se consument les peurs et les illusions de l’humanité. Le vent cosmique se lève : il ne vient pas détruire, mais purifier.
La tempête extérieure n’est que le reflet du bouleversement intérieur nécessaire à la transmutation.
C’est le temps du discernement, de la clarté, du recentrage.
Le temps de choisir la lumière, non pas comme un idéal lointain, mais comme une réalité vivante dans le cœur.
Le courage d’être soi : Celui qui veut retrouver la pureté de son âme doit livrer le grand combat intérieur, révéler le guerrier de lumière qui sommeille en son sein afin de pacifier et de réunifier toutes les parts de soi qui demandent à l’être pour que nous puissions retourner à la lumière du père dans l’intégrité de notre nature divine retrouvée.
Il ne s’agit pas d’un combat contre les autres, mais contre nos propres attachements au plan mental de l’égo humain tout puissant, nos propres illusions et faiblesses intérieures.
C’est là que réside le vrai courage : celui d’être soi dans la lumière du cœur, de rester debout dans la vérité de notre cœur même lorsque le monde s’effondre autour de nous.
Ce chemin est douloureux, mais il est la voie royale vers la paix du cœur, la joie de l’âme, la clarté d’esprit et l’amour divin.
Comme le dit Rûmî : "La blessure est l’endroit par où la lumière entre en toi. "
La réconciliation des contraires : Le chemin de purification ne consiste pas à rejeter l’ombre, mais à la transfigurer car l’ombre n’est pas l’ennemie de la lumière, elle est son contraste, son appel.
Le Tao enseigne que le yin et le yang dansent ensemble dans le cercle de l’Unité.
Les mystiques chrétiens parlent de la “nuit obscure de l’âme” comme d’un passage nécessaire vers la clarté.
Rûmî dit : « La blessure est l’endroit où la lumière entre. »
Et Jung complète : « On ne devient pas lumineux en imaginant la lumière, mais en rendant conscient l’obscurité. »
Ainsi, reconnaître notre perversion n’est pas se condamner, c’est ouvrir la porte à la guérison car seule la conscience rend pur ce qu’elle éclaire.
« L’ombre n’est pas l’ennemie de la lumière : elle en est le révélateur. »
Puisse chacun de nous avoir le courage d’affronter sa propre perversion, non pour se juger, mais pour retrouver le chemin sacré de l’unité intérieure.
7.Vers la lumière du cœur :
Je vois, au loin, une flamme qui consume les peurs du mental inférieur. C’est la cheminée de l’âme, où se purifient nos attachements pour que demeure la pure clarté de l’être. Le vent cosmique s’élève : il vient embrasser le plan divin de la Terre et réveiller la grâce d cœur de l’humanité. Nous avons besoin de repos, de silence, de discernement pour écouter ce qui, en nous, appartient encore à l’ombre, et ce qui aspire à la lumière.
Car au fond de chaque être dort un sanctuaire inviolé, le secret du cœur, où réside la Présence de l’amour divin en soi. C’est là que se réalise le retour à soi, non pas comme repentir moral, mais comme retour à la Maison du Père, de notre cathédrale de lumière intérieure.
Le feu du cœur et la naissance du monde nouveau : Nous entrons dans une ère où le feu cosmique de la transformation consume les peurs de l’humanité. Les vieilles structures mentales s’effondrent, les illusions collectives tombent, les âmes s’éveillent. Ce n’est pas la fin du monde, mais la fin de la perversion de la conscience. Chaque être qui s’ouvre à la vérité contribue à la guérison du tout. Lorsque le cœur se purifie, le monde change. Lorsque l’homme retrouve le silence en lui, la Terre respire à nouveau.
8.la perversion comme passage :
La perversion de l’âme humaine n’est pas une malédiction, mais une étape du voyage. C’est la nuit obscure du cœur avant l’aube de l’Unité. Lorsque l’homme reconnaît sa perversion, il reconnaît simplement qu’il s’est éloigné de l’Amour et ce simple aveu ouvre la voie du retour. L’âme éveillée à la dimension sacrée de l’amour divin ne rejette pas le monde : elle le traverse avec amour, le purifie par la conscience et laisse Dieu agir à travers lui. Ainsi, chaque être qui se relève de la chute participe à la rédemption du monde
La lumière retrouvée : La perversion de l’âme n’est pas une chute définitive : c’est un exil temporaire. Nous nous sommes égarés dans les labyrinthes du mental pour mieux redécouvrir la clarté du cœur.
Et chaque pas que nous faisons vers la vérité est une victoire du Divin sur l’oubli.
Le Christ disait : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » Le Bouddha enseignait : « Sois ton propre refuge. » Rûmî chantait : « Ce que tu cherches te cherche. »
Puissions-nous, ensemble, reconnaître les perversions de notre égo humain tout puissant comme les ombres de notre lumière, et marcher, les uns vers les autres, dans la mémoire retrouvée du Sacré car l’humanité ne sera élevée ni par la peur, ni par la raison mais par le cœur purifié, conscient de sa nature divine.
-Sanahya Ama

Extrait de mon livre Univers des sages - Sanahya Ama